Il me semble un peu prématuré de prétendre que le progrès technique, notamment incarné par quelques « gamins devant leur ordinateur », aboli en tant que tel la propriété intellectuelle. Témoin, pour se rapporter à des enjeux à mon avis bien plus urgents que d’avoir accès aux derniers produits de la culture de masse, les saisies récurrentes de médocs génériqués destinés aux malades des pays du sud par les braves polices, nationales ou supranationales de nos contrées, cause de pénuries dans les zones en tête de pont de l’effondrement économique, et par là même, de la mort des dites malades.
Bref au-delà de question d’importance du rôle que nous assignons au progrès technique (sur lequel beaucoup a été écrit), la question n’est pas seulement celle des possibilités qu’il ouvrirait vis-à-vis de la tutelle étatique, mais assez bêtement du contrôle policier de ses bénéfices, qui mène droit à la mort un certain nombre de nos comparses, et qui ne me semble pas devoir disparaître de sitôt pour des biens matériels qu’il faut bien, encore pour quelques années, faire circuler d’un endroit à un autre, notamment à travers des frontières de plus en plus fermées.
Je crois qu’il faudrait encore, si on voulait réfléchir là-dessus, s’interroger sérieusement sur les convergences de plus en plus objectives d’une large partie des milieux techno-critiques (PMO, La Décroissance, L’Ecologiste etc.) avec toutes les bêtises réactionnaires du moment, notamment sur notre dos, dans leur crainte de la féminisation du monde, néo-libérale, technophile et cosmopolite, au nom d’une »écologie humaine/intégrale/etc. » que revendiquent tout aussi un certain nombre d’ecclésiastiques.
